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O Vierge, tu franchis un seuil toujours heureux !
Tu ne reviendras plus dans les belles campagnes
Unir ta libre danse au chœur de tes compagnes,
Et dans la fraîche aurore, à la clarté du ciel,
Offrir à d’humbles dieux la guirlande ou le miel.
Mais, comme la moisson orne le champ fertile,
Comme, un cyprès aigu fait un plus doux asile
Du jardin solitaire où son ombre s’étend,
Tel, ô Vierge qui ris le soir, en nous quittant,
Ton corps harmonieux embellit la demeure.
Parmi les courts destins ta part est la meilleure,
O toi qui, frémissante et joyeuse en ses bras,
Près du guerrier superbe aujourd’hui dormiras,
Et, chère aux Dieux d’Hellas, femme et digne d’envie,
Comme un lotos terrestre embaumeras sa vie !

Salut à toi ! salut, Alexandre, pareil
Au Père Zeus debout sur le pavé vermeil ;
A toi, rude aux combats, mais dont le cœur devine
La bonté glorieuse et la pitié divine !
Je vous salue encore, ô Chefs victorieux,
Héroïques enfants d’invincibles aïeux,
Parents, Gardes, Amis, Satrapes et Stratèges !
Salut ! salut à vous, innombrables cortèges
Des soldats !

                         Voici l’heure. Éros, toi qui te plais
Aux nocturnes baisers, Éros, enivre-les !
Dormez, époux, dormez ! Que Létô favorise