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D’autres, le sein gonflé, dans un rêve indolent,
Invoquant en secret la Lune diaphane,
Ont soupiré d’amour au palais d’Ekbatane.
D’autres, dans les cités mères des arts subtils,
Ont sur la pourpre teinte assemblé l’or des fils.
Et d’autres ont quitté leur barbare patrie,
L’Atropatène, Tyr, Sardes ou la Syrie.
D’autres encor sont là, prêtes aux longs hymens.
Filles des Rois soumis et des Chefs inhumains,
Des Satrapes nouveaux, des Princes tributaires,
Les vierges de l’Asie entière, aux vastes terres,
Attendent.

                        Alexandre a d’un geste royal
Donné du haut du trône un suprême signal,
Et debout, comme un Dieu que la foule environne,
Jeté vers Statira les fleurs de sa couronne.
Les voiles sont tombés. Vers le splendide époux
La Princesse a tourné son œil craintif et doux.
Fille de Dareios, naguère encor captive,
Elle hésite et s’avance en sa fierté native ;
Et sous la mitre d’or redressant son front pur,
Elle marche, et son pas sur le dallage dur
A la grave lenteur du pas d’une Immortelle.
L’époux est jeune et beau ; l’époux est digne d’elle
Et de la noble race où coulait autrefois
Le sang d’Akhéménès et d’innombrables rois.
Et Statira sourit et belle, heureuse et tendre,
Au plus haut du festin siège auprès d’Alexandre.
Héphaesti