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De vastes tours de bois comme des citadelles.
Enfin, tels qu’au milieu des troupeaux bondissants
Plus nobles et plus fiers vont les taureaux puissants,
Tels, au-dessus du cercle étincelant des piques,
Surgissent les Parents et les Gardes épiques,
Les Satrapes mitres et les Princes loyaux
Et le groupe choisi des Compagnons royaux,
Kratère, au cœur viril, rude et cher à l’armée,
Python, Léonnatos, Néarque, Ptolémée,
Eumène, sans rival à diriger le cours
Des mobiles destins et des flottants discours,
Et Séleukos qui joint sous une armure antique
A la ceinture d’or la robe asiatique.

Et quand l’armée entière eut aligné ses rangs,
Quand sur la plaine au loin les souffles odorants
De la vaste poussière eurent chassé les nues,
Quand, sur le noir chemin, des femmes demi-nues
Et des enfants, le front ceint de pampres tressés,
Eurent tendu la pourpre et les tapis tissés,
Et sur le sol égal versé de leurs corbeilles
Des feuillages épars et des roses vermeilles,
Un cri superbe, accru de moments en moments,
Répondit dans les airs au bruit des instruments,
Tandis que s’unissaient en clameurs martiales
La trompette et la flûte au fracas des cymbales.

Il vient, le Roi semblable au Dieu triomphateur,
Au beau Dionysos, Alexandre, dompteur