Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les Hellènes ligués, les acontistes Thraces,
Les barbares vêtus de peaux, ceux dont les cris
Jettent l’effroi subit dans les cœurs aguerris,
Et les Mèdes barbus, aux robes féminines,
Et les Perses armés de longues javelines
Et d’arcs éblouissants et de profonds carquois.

Soudain, hors de l’enceinte et des chemins étroits,
Un nuage grandit, s’épaissit, flotte et traîne
Une sonore nuit au travers de la plaine ;
Et tandis qu’elle roule et se déchire au vent,
Une masse apparaît dans le soleil levant
Et la cavalerie étincelle et s’élance.
L’airain brillant revêt les cavaliers ; la lance
En leurs farouches mains, droite, menace encor ;
Leur épaule se courbe au poids des plaques d’or ;
Ils serrent du genou les flancs couverts d’écume
Des chevaux qu’ont nourris dans l’orage et la brume
Les prés Thessaliens .et les champs de Pella.
Ils passent. Le sol dur retentit, et voilà
Que viennent à leur tour les troupes intrépides
Des vétérans blanchis et des Argyraspides,
Aux boucliers d’argent dont l’orbe clair reluit
Comme le disque plein de Phœbé dans la nuit.
Puis encor l’escadron resplendissant des Pages,
Et le pesant convoi des nombreux équipages,
Les bœufs liés au joug et les chameaux bossus,
Les éléphants de guerre, ornés de leurs tissus
Et portant sur leurs dos monstrueux et fidèles