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Des chevaux attelés aux chars multicolores,
Mugissements des bœufs que les Dieux immortels
Verront, au jour prescrit, tomber sur leurs autels.
Les cris, les chants, les voix, tous les murmures vagues,
Roulent en un fracas semblable au bruit des vagues
Sur les glauques rochers et le sable marin.
Et les soldats, heurtant les boucliers d’airain,
Erraient ; et les enfants et le troupeau des femmes
Suivaient à pas craintifs vers les bûchers en flammes
Où rôtissaient avec des chevreaux tout entiers
Des taureaux pantelants et des cerfs en quartiers.
Mais bientôt, dans le camp frémissant, les trompettes
Résonnent ; les guerriers accourent. Pour les fêtes
La vieille armée, ainsi qu’au matin des combats,
Se hâte, se déploie et s’ébranle et là-bas
Marche vers la colline où la tente royale
Ouvre, entre deux piliers, sa porte triomphale.

En tête, d’un bras sûr guidant les noirs chevaux,
S’avancent lentement les escadrons rivaux,
Paeoniens légers et cavaliers Odryses,
Ardents à la poursuite, habiles aux surprises.
Derrière eux, formidable, énorme, en rangs serrés,
Sous l’infrangible abri des boucliers dorés,
Comme un rempart de fer la Phalange hérisse
Son front impénétrable où reluit la sarisse ;
Et Perdiccas, parmi tous les chefs, en avant,
Fait onduler les crins de son casque mouvant.
Puis les frondeurs et les archers de toutes races,