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Aux prophétiques voix fermant ta sourde oreille,
O race, tu siégeais dans la honte, et pareille
A quelque hôtellerie, accueillais au hasard
Le Grec, l’Égyptien, le Syrien bâtard,
Et tous ceux qu’enivrait, sur les hauts-lieux obscènes,
Le vin doux et fleuri des voluptés malsaines !
Vainement le Pasteur, suscitant les nabis,
Vers le bercail céleste appela ses brebis :
Toutes, sans rien entendre, à le fuir obstinées,
S’engraissaient sans remords d’herbes empoisonnées ;
Et dans le bercail même, ô prêtres, ô bergers,
Vos mains ont jeté l’orge aux troupeaux étrangers !

Et les temps sont venus et la Colline est rase.
Le Seigneur, vendangeant la vigne amère, écrase
Dans le rouge pressoir les restes d’Israël.
Béni soit-il ! Fauchez les murs, semez le sel !
Qu’importe ? Maudit soit celui qui désespère !
Écoutez, ô tribus, peuple, docteurs ! O père,
Écoute !

                L’Éternel, qui règne et parle encor,
Dédaigne un temple étroit bâti de marbre et d’or,
Que le bélier ébranle ou la flamme endommage.
Le Sanctuaire antique était l’obscure image,
Et quand l’autre est tombé, le vrai Temple a surgi.
Spirituel, secret, pur, immense, élargi,
Reposant sur la foi, fondé sur la science,
L’amour est son portique ouvert, la conscience