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Or, moi, Jean le vieillard, moi seul ai vu ces choses,
Et moi seul entendant, sans oublis et sans gloses
J’ai transcrit pour vous tous ce qui fut révélé
Dans le Livre terrible et ne l’ai point scellé,
Afin que bienheureux en Jésus qui console,
Lorsque viendront les temps, vous lisiez sa Parole.
Car Lui-même, l’Agneau qu’à genoux j’adorais,
Me relevant, m’a dit : — Parle à ceux qui sont prêts
Et qui, d’un cœur pieux gardant la prophétie,
En espérance et foi connaîtront leur Messie.
Racine de David, Etoile du matin,
Je suis l’astre attendu montant au jour certain
Et le Verbe de Dieu triomphant à son heure. —

Et j’entendis s’unir, au fond de la Demeure,
La voix de l’Épousée à celle de l’Esprit
Disant : — Viens ! — Répétant à celui qui comprit :
— Viens ! Que le Juste approche et que l’Altéré vienne
S’enivrer d’eau vitale à la source chrétienne. —

Et moi, voix de l’orage, âpre et grondant au loin,
Voix de la solitude, invisible témoin,
J’ai confié ce Livre aux Eglises. J’atteste
Que rien, par imposture occulte ou manifeste,
Au texte primitif ne doit être ajouté
Ni retranché. Sinon que hors de la Cité
Tous les fléaux décrits poursuivent le faussaire
Qui change le rouleau, l’augmente, le lacère