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Et crépiter des feux et glisser en grinçant
Sur les portes du ciel un rideau teint de sang.


IV

Tout s’était tu. Soudain l’universel silence
Tressaillit. Le dernier Ange enrayant s’élance ;
La septième trompette éclate. Rond, vermeil,
Béant, son pavillon gigantesque est pareil
A la gueule d’un monstre inassouvi qui bâille.
Et le tube d’airain semble être de la taille
De quelque immense fût de temple renversé
Qu’un ouvrier barbare aurait jadis percé.
Et le souffle envolé de cette trompe droite,
Mugissant comme un vent dans une gorge étroite,
Repoussant la nuée aux quatre angles des cieux,
De prodiges nouveaux éblouissait mes yeux.

Quelle est Celle qui vient, d’étoiles couronnée ?
Le soleil la revêt ; de flamme environnée,
Elle foule la lune, et lasse, et se penchant,
Comme une femme enceinte elle hésite en marchant.
Elle tombe ; une prompte et divine souffrance
De son ventre alourdi presse la délivrance,
Tandis qu’un dragon roux, dressant sept fronts royaux
A dix cornes, cerclés d’or rouge et de joya