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Dont j’ai connu l’amour, les œuvres et la foi,
Et qui, déchu soudain de ton ardeur première,
Laisses à ton flambeau s’éclipser ma lumière !
Espère, Ange de Smyrne ! Ange persécuté,
J’ai reposé mon cœur sur ta fidélité.
Je suis las ; repens-toi, pleure, Ange de Pergame !
Des Bileâm nouveaux ont lancé, dans ton âme,
Des pierres de scandale à tes enfants peureux :
Le glaive de ma bouche est irrité contre eux.
J’ai vu ta patience, Ange de Thyatire,
Et compté ton aumône et pesé ton martyre ;
Mais forniquant depuis et sourd à mon appel,
As-tu de ton giron vomi ta Jézabel ?
Ange de Sardes, veille et toujours sur la porte
Abritant de ta main ta lampe à moitié morte,
Ecoute si dans l’ombre, en étouffant ses pas,
A l’heure inattendue un voleur ne vient pas.
Devant toi, l’Ange élu, ferme à Philadelphie,
J’élève un grand rempart qui te cerne et défie
Les assauts de Satan et du Juif suborneur,
Et j’inscris sur ton mur le nom de mon Seigneur,
Tandis que sur ton Ange impur, Laodicée !
Je fixe ma prunelle ardente et courroucée.
Je hais son avarice et je hais sa tiédeur ;
Sa nudité s’étale et sa chair a l’odeur
D’un cadavre oublié dans un palais qui tombe.
Aveugle et croyant voir, il descend vers la tombe.

Églises, entendez ! Malheur ! L’Esprit s’est tu.