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Aux lèvres de Platon la sagesse féconde
Chantait l’hymne inspiré des esprits frémissants,
Et la jeunesse heureuse et la Grèce et le monde
De la langue divine écoutaient les accents.

O toi, le dernier-né des époques lointaines,
Vieillard silencieux qui naguère entendis,
Comme un suprême écho, la voix de Démosthènes,
Vieillard, voici les temps et les destins prédits !

Viens ! la route avec nous sera moins triste encore,
Loin des bois consacrés et des neigeux sommets,
Loin des murs paternels que la prochaine aurore
D’un voile ensanglanté couvrira pour jamais.

Les heures du vieillard, hélas ! ne sont plus lentes.
Hâte-toi, Philémon ! Viens, partageant ce soir
L’exil harmonieux des Muses consolantes,
Mêler à l’amertume un immortel espoir.

Saluons en partant, Muses, la vieille Attique !
Salut, terre ! Salut, Athènes ! ô cité,
O temples, ô Patrie, ô foyer domestique !
Nourrice des grands cœurs, mère de la Beauté !

Salut ! Tes blancs frontons, tes murs, tes marbres rares,
Joncheront vainement le sol où tu vécus.
Ton souvenir, sacré même aux peuples barbares,
Te ressuscitera dans les siècles vaincus !