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Reconnaissait la route aux blocs de ses colosses
Et sortait de l’Asie où sans noms, par milliers,
Sur sa piste nouvelle erraient les Cavaliers.

Alors du sein profond de la race vivante

Un cri suprême, immense, et si plein d’épouvante
Que, depuis le matin des temps, le ciel sacré
N’en avait pas ouï de plus désespéré,
Comme un vaste ouragan qui s’enfle, roule et passe,
Sur les ailes des vents s’engouffra dans l’espace.
Et l’horreur déborda lorsque sur un monceau
De cadavres béants l’impérial Pourceau,
Abject, souillant la pourpre et vautré dans la fange,
Aux adorations livra sa forme étrange
De Bête abominable aux serres d’épervier.

Or, chargé d’ans, farouche, âpre, sans dévier,
Jean rendait témoignage et marchait dans la voie
Où la pure clarté du Rédempteur flamboie.
Et Jean, étant celui qui vit les premiers temps,
Semblait interroger des anges éclatants,
Et sombre, dans Pathmos comme un aigle en son aire,
Tourner vers le ciel fauve un œil visionnaire.
Jean le vieillard songeait ; et voici que sa main
Comme un flambeau subit brandit un parchemin
Dont un feu très subtil, courant entre les lignes,
D’un reflet de l’Abîme illuminait les signes.

Et voici qu’une voix cria : — Déroule et lis