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Vos pères, au foyer de la Sagesse attique,
De la chaîne immortelle ont forgé le chaînon.
J’ai vu vos dieux anciens et, sous un blanc portique,
Auprès de leurs autels celui d’un Dieu sans nom.

Ce Dieu que révérait sans le connaître encore
L’obscure piété des siècles ténébreux,
Moi, le veilleur fidèle annonçant son aurore,
Je le révèle aux temps marqués pour être heureux.

Il a créé la terre et le ciel et l’espace.
Quel temple, œuvre de l’homme, abrite la grandeur
De Celui qui seul est, préexiste et dépasse
La nature en puissance et le ciel en splendeur ?

Par Lui l’humanité, d’un seul être tirée,
Respire et toute race, humble ou forte aujourd’hui,
Sur la face du monde accomplit sa durée.
Le Temps obéissant s’immobilise en Lui.

C’est Lui qu’au fond de l’ombre invisible les hommes,
Aveugles et craintifs, vont cherchant à tâtons ;
C’est en Lui que se meut la Vie et que nous sommes,
Par la mort de la chair, les fils qui l’attestons.

Race divine, ô toi qui naguère as pu croire
Qu’une âme était figée en un airain terni,
Et qu’un morceau taillé d’or, d’argent ou d’ivoire,
Simulacre idolâtre, enfermait l’Infini !