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Celui-là cependant n’étale sur la terre
Ni vases ni tapis ainsi qu’un vil marchand,
Mais grave et dédaigneux, inquiet, solitaire,
Il s’assied à l’écart ou médite en marchant.

Il ne voit point surgir sous l’azur pacifique
Le peuple étincelant des marbres immortels,
Ni la Liberté sainte et la Fierté civique
Fleurir, près de Pallas, sur de nobles autels.

Ses yeux n’ont point cherché dans un bloc déjà fruste
L’orgueil d’un grand débris par le temps abattu ;
Et le haut Parthénon sur la Colline auguste
N’a pas à l’étranger révélé la Vertu.

Paul de Tarse est pareil au prisonnier de mine,
Qu’éblouit la lumière au seuil d’un noir caveau.
Il passe et ne voit rien ; un rêve le domine
Et son âme barbare enferme un Dieu nouveau :

Le Dieu par qui la nuit des siècles se dissipe
Et dont le jour céleste est à la fin venu ;
Celui que pressentait la main qui sur un cippe
Avait gravé naguère : Au DAIMÔN INCONNU.

Paul a couru soudain vers l’Agora sonore
Où lutte la parole aux lèvres des rhéteurs.
Ton zèle, ô Christ Jésus, l’enflamme et le dévore ;
L’apôtre s’est dressé contre les imposteurs.