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Il se tait. La nuée errait sur la montagne,
Et Jésus frémissait, disant : — En vérité,
Le mal est un ulcère impitoyable et gagne
Toute chair et le cœur de l’homme épouvanté.

Mais les jours sont venus. Silence, ô voix qui doutes !
Rentre, ô fatal Serpent, dans l’ombre où tu naquis !
Une étoile a brillé pour éclairer tes routes,
Postérité d’Adam, vers les cieux reconquis !

L’holocauste prochain s’offre dans le mystère,
Accomplissant l’espoir, la promesse et le vœu,
Et du gibet dressé pleut un sang volontaire
Sur le monde à genoux, racheté par son Dieu.

L’éternelle moisson des âmes pures germe
Dans les siècles divins, à ma lumière éclos,
Autour de mon Église inébranlable et ferme
Comme une tour de pierre, assise au bord des flots.

Salut, race des Saints, Pontifes, doux Apôtres,
Qui, dans l’oubli des biens caducs et mensongers,
Au milieu des troupeaux paissant avec les vôtres
Ne distinguerez plus les agneaux étrangers !

Salut, vous qui joyeux, seuls dans la multitude,
Sous la lente torture ou sous les glaives prompts,
Mendiant un pain noir, vêtus de laine rude,
De l’épine cruelle auréolez vos fronts !