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Voix de colère, voix d’effroi, voix de reproches,
Comme un vaste ouragan d’où l’éclair va sortir,
Soufflent dans Israël sur le sable et les roches.

La solitude est bonne et s’ouvre au repentir,
Et l’âpre terre a soif des pleurs de pénitence.
L’avenir fleurira dans le sang du Martyr.

Le peuple est le pécheur que Dieu châtie et tance ;
Et moi je suis pareil au nouveau chamelier
Appelant ses chameaux et versant leur pitance.

Par delà le Torrent, au désert familier,
Dans les gorges des monts ou sur l'ardent rivage,
J’ai livré ma chair nue au soleil journalier.

La boue et l’eau croupie ont été mon breuvage ;
J’ai, cherchant l’herbe rare et dure brins par brins,
Mangé la sauterelle avec le miel sauvage.

Ma barbe inculte errait, roide comme des crins,
Et mes cheveux, frôlant le cuir de ma ceinture,
Aux poils de mon manteau se mêlaient sur mes reins.

Qu’importe, si par moi la Colombe future
Sur le front du Messie arrête enfin son vol ;
Si les temps ont paru qu’annonçait l’Écriture ;