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— Écoute ! Assez longtemps, dans la triste demeure,
L’homme a vomi sa haine et bavé son venin.
L’indulgence des Rois est lâcheté. Qu’il meure !

Hérodès ! le chien mord quand le maître est bénin.
Frappe ! un cœur mâle bat sous ma poitrine fière
Si dans ton sein vieilli gît un cœur féminin. —

Or voici : juste en face, au creux d’un mur de pierre
Une cage sinistre enfonçait ses barreaux ;
Une forme vivante écumait en arrière.

Et c’était le captif terrible ; et les bourreaux
Reculaient ; et parmi la barbe hérissée
Les dents blanches luisaient dans des éclairs de crocs.

Et secouant la grille, une main convulsée
Se crispait et montrait de ses doigts furibonds
Le vieillard immobile et la femme enlacée.

Les yeux étincelaient ainsi que deux charbons,
Et la bouche hurlait et chassait les injures
Comme un troupeau de boucs qui redouble ses bonds :

— Ah ! le dernier soleil mûrit les pourritures.
Te voilà donc, Ahab ! Je te vois, Izebel !
Éliyahou se dresse en vos ombres obscures.