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Ceux que ne rebuta point la lecture de l’Orient antique n’ont à chercher dans l’Orient Grec ni des couleurs aussi vives et aussi tranchées ni des caractères aussi distincts. C’est ainsi qu’aucune des divisions ethniques, adoptées précédemment, n’a pu trouver place ici. Seule, une sorte d’ordre chronologique a guidé l’auteur dans la distribution successive des poèmes.

Moins austère peut-être et moins uniforme que l’Orient antique, l’Orient Grec ne prétend pas davantage à quelque succès. Le Poète n’ignore point la destinée des œuvres semblables à la sienne ; il sait combien les intérêts journaliers s’accommodent mal des rêves antiques et des tentatives d’art pur. Aucune des passions qui agitent la société actuelle n’a d’écho dans ces poèmes ; aucune des formes vulgaires et transitoires ne se réfléchit dans ces vers. Les seuls liens qui rattachent cette humanité morte à l’humanité vivante sont l’angoisse éternelle du mystère et le sentiment religieux d’un idéal toujours inassouvi.


Mais au seuil de ce nouveau livre l’auteur doit, comme naguère, inscrire avec reconnaissance un nom glorieux. M. Leconte de Lisle avait daigné accepter l’hommage des Siècles Morts et les couvrir de son bienveillant patronage, Que le Maître illustre et cher reçoive encore ici le tribut d’une respectueuse et fidèle admiration. Qu’il soit encore permis au plus modeste de ses disciples de répéter tout ce qu’il doit lui-même, tout ce que doivent comme lui à M. Leconte de Lisle, ceux qui gardent, de nos jours, la