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les origines et de montrer les développements, sont-elles sensibles dans ce livre ? Les événements qu’elles engendrèrent y apparaissent-ils dans leur connexité ou dans leur diversité ?

L’adieu que les Muses, abandonnant Athènes, adressent à la ville sacrée, fera-t-il comprendre que les grands siècles sont morts et que les Déesses ne retrouveront jamais un asile aussi divin ? Reconnaîtra-t-on dans les Noces Susiennes et dans La Mort de Kalanos une figure de l’union qui se forme entre la Grèce et l’Asie ? Si Les Jeux d’Apollon réussissent à ressusciter la vision d’une Alexandrie somptueuse et savamment poétique, la Jérusalem indignée d’entendre, pour la première fois, les échos de la philosophie hellénique, revivra-t-elle dans les Paroles de Schemouël-bèn-Mikah ? Le songe suprême et presque uniquement matériel, que le poète déroule devant les yeux de Cléopâtre mourante, consola-t-il l’agonie de la fille des rois Lagides, fleur radieuse dont l’éclat éblouit l’univers, dont le souvenir éveille encore un parfum légendaire de grâce et de volupté ? L’aube chrétienne se lèvera-t-elle dans une assez douteuse et vacillante lueur ? Un éclair assez mystérieux déchirera-t-il les ténèbres du Golgotha ? Et, lorsque se seront tues les trompettes de l’Apocalypse, lorsque le silence aura plané sur les ruines de Ziôn, la Jérusalem future surgira-t-elle assez belle et assez durable dans une splendeur assez symbolique ?

Les Poètes et les Érudits répondront-ils avec indulgence à ces questions, comme ils l’ont fait pour le premier volume ? C’est à eux, à eux seuls que s’adresse encore celui-ci.