Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et le vieillard, assis sous un haut sycomore,
Parlait. Sa voix profonde et bénissant l’aurore,
          O Sagesse, guidait vers toi !
Les Prophètes en chœur chantaient à son oreille,
Et sa doctrine était comme une belle treille,
          Lourde des grappes de la Loi :

— La Sagesse éternelle au sein de Dieu repose,
Comme un vin précieux dans une amphore close,
          Que seul, au milieu du festin,
Le maître hospitalier distribue aux convives.
Le Seigneur a créé la terre et les eaux vives
          Et les lampes du ciel lointain.

La Sagesse, ô mes fils ! riche, éclatante, auguste,
Brille immortellement sur une tête juste
          Comme une couronne d’honneur.
Elle est comme un palmier planté dans un sol ferme,
Comme un enclos fertile où pour récolte germe
          La crainte austère du Seigneur.

Malheur aux cœurs durcis que seule exalte et touche
Une parole fausse en une double bouche !
          Insensé qui, loin de l’azur,
S’avance, plein d’orgueil, dans une double voie !
Fou qui dans le sentier d’une coupable joie
          Vers la nuit marche d’un pied sûr !