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Toute chose est son œuvre ! O temps, heures prospères,
Jours de deuil, jours passés, qui pour l’homme avez lui,
Dons égaux du Seigneur, qu’êtes-vous devant Lui,
Sinon des rations que sa main distribue ?

Hanan ! Hanan ! la coupe abominable est bue.
Lâche postérité des aïeux vénérés,
Dans la foi, la science et la Thora murés,
Hanan-bèn-Onia, qu’as-tu fait des préceptes ?
Les cultes du vainqueur, ses mœurs, tu les acceptes,
Comme un convive heureux toujours prêt à manger,
Quel que soit le festin ; les mets de l’étranger.
Avarice, impudeur, mensonge, idolâtrie,
Tousses vices d’Hellas et tous ceux de Syrie,
De Baal en ton cœur sont les mornes suppôts.
Quel schabbath dans tes champs marque un divin repos ?
Sous le toit paternel une étrangère habite ;
Femme de Mizraïm où femme Moabite,
Qu’importe ? si par elle opprobre et trahison,
Comme des serpents noirs, rampent dans la maison.

Hanan ! Hanan ! qu’en vain l’Égyptienne impure
Te fasse de ses bras une lourde ceinture ;
Qu’en vain, de ses baisers brûlant ta lèvre en feu,
Elle triomphe et chante, et ronge peu à peu
Ta misérable chair dans l’orgie et la honte :
Adonaï se lasse et se courrouce, et compte
Les jours de patience, et les trouve accomplis !