Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quels accents trouva le Prophète ! Quelles visions terribles il évoqua ! Quelle fureur enflamma les Zélotes ! Quel drame que l’effondrement du Temple !

Rien ne pouvait être plus favorable au développement du Christianisme que cette disparition soudaine du sanctuaire d’Israël. Malgré eux les humbles disciples de Jésus n auraient-ils pas encore tourné bien souvent leurs yeux vers la Maison de Iahveh ? La communauté primitive de Jérusalem ne prétendait-elle pas exercer sa primauté sur les églises récemment fondées ? La ville une fois rasée jusqu’aux fondements, il ne resta d’elle qu’un souvenir qui se transforma bientôt en une espérance. Les Juifs vivaient depuis des siècles dans l’attente d’un Messie victorieux et vengeur, roi d’une Jérusalem toute-puissante. Parmi eux, les moins nombreux, ceux qui avaient cru reconnaître ce Messie en Jésus de Nazareth, se mirent à rêver une Jérusalem céleste ou se réaliserait enfin le règne idéal du Seigneur. Les autres, fidèles à la Loi de leurs pères, attendirent-ils encore réellement le Messie promis ? Qui peut le dire ? Mais ils se bâtirent aussi en esprit, à l’ombre de la Thora, une cité sainte et un temple éternel qui ne devaient s’écrouler désormais ni sous le fer ni dans l’incendie.

Le deuxième volume des Siècles Morts présente le tableau de cette époque de syncrétisme et de transition qui commence à Alexandre et finit à la prise de Jérusalem par Titus. Siècles incertains et troublés, les formes, les mœurs, les actions se mêlent et se confondent comme les mythes et les systèmes. Toutes ces idées, toutes ces croyances dont l’auteur vient de marquer trop longuement