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son Père céleste. Victime expiatoire, il succombe sous la haine politique et la perfidie sacerdotale ; mais le sang qui pleut de son gibet fertilise un sol desséché et fait s’y lever la moisson. Quelques grains étaient tombés çà et , que les femmes inquiètes avaient recueillis par hasard. Tout d’abord, elles aiment ce Dieu nouveau qui pardonne et console ; il meurt, lui aussi ; il est pleuré comme les jeunes Dieux de Phrygie et de Byblos ; elles l’accueillent dans leur cœur comme dans un vague et mystérieux Panthéon. Mais ce que les femmes sentaient sans le pouvoir comprendre. Paul de Tarse le révèle à l’univers : ce Dieu inconnu, qui n’a rien de commun avec les amants mortels des voluptueuses Déesses, c’est le Dieu unique et préexistant, le Rédempteur promis, le Sauveur qui réalise en lui toutes les aspirations de l’humanité vers le Divin éternel. Voulant être adoré en esprit, les œuvres n’ont plus à ses yeux qu’une importance relative ; il appelle à lui les Gentils aussi bien que les Juifs ; la Foi seule est le signe du salut.

Le Christianisme, véritablement fondé par cette prédication de Paul, s’étend chaque jour ; une doctrine s’établit ; des églises prospèrent ; une religion est née. Mais, en même temps qu’elle, s’épanouit la puissance universelle de Rome. Rome qui juge dangereux les adeptes intolérants des cultes étrangers et qui les persécute, Rome devient l’infâme Babylone. Une égale haine anime contre elle juifs et chrétiens ; et presque au même moment, au spectacle des crimes de la Bête, la même indignation fait éclater les anathèmes de l’Apocalypse et la révolte de Jérusalem.