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La triste humanité compta le dixième âge ;
Et les trônes pesaient sur l’univers mortel.

Vos fils prodigieux sont nés, ô Ciel, ô Terre !
Tu règnes, ô Kronos ! Nourri dans le mystère,
Zeus exilé grandit aux sommets Phrygiens ;
Dodone a vu Rhéa, sous les ombres errante,
Baigner Ploutôn naissant dans ton eau dévorante,
O Styx ! et dans tes flots chercher de noirs gardiens.

Et les Titans, jaloux des naissances furtives,
Déchaînèrent l’essor des guerres primitives.
La torche en main, sanglante, ivre, cheveux épars,
Éternisant l’effroi des prunelles ternies,
Aïeule des fléaux, mère des agonies,
La Guerre aux cris aigus bondit sur les remparts.

Les siècles dans leur cours ont foulé ces fantômes
Que les temps virent croître et succomber : royaumes,
Égypte, Babylone, Assyrie et vous tous,
Perses, Pamphyliens, Guerriers de Macédoine,
Et toi, dernière-née, ô Rome, ô patrimoine
Arraché par la Louve à l’appétit des loups !

Peuple aux multiples fronts, vêtu de blanc, tu montes
Sur l’amas des forfaits, l’entassement des hontes,
Sur l’or accumulé comme un mont éclatant ;
Tu prospères joyeux et sans frein ; tu réclames