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Font s’ouvrir tes yeux morts, ô Fille de Bérose !
Comme ceux d’un hibou dans la terreur du soir ?

Toi, Khaldéen, venu de Babylone, écoute !
Fils d’Hellas, tu n’as pas en vain suivi la route
Qui va de Séleucie à ces lieux désolés.
Silence, ô vous ! Le vent qu’irritaient vos disputes
Vous répond ; et vos Dieux, vos cités dans leurs chutes
Font moins de bruit encor que vos discours. Tremblez !

Tremblez ! L’Esprit en moi rompt le sceau des oracles.
O siècles du passé ! Lamentables spectacles !
Siècles de l’avenir plus odieux déjà !
Cataractes du ciel, implacables averses,
Liquide et froid tombeau des nations perverses !
Océan sans rivage où l’Arche surnagea !

Et voici que du sein des ondes refluées,
Des races, vers le ciel lointain s’étant ruées,
D’une langue unanime outrageaient sa splendeur ;
Et par lits de roseaux et d’argile pétrie,
Bâtissaient une tour dans les champs d’Assyrie
Et du haut firmament tentaient la profondeur.

Et vous avez rugi, Tempêtes ! Sur sa base
La Tour s’est effondrée et gît dans l’herbe rase,
Et c’est ici le lieu qui fut nommé Babel.
Et farouche, sans lois, diverse en son langage,