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par sa Thora, soutenu par ses prophètes, avait opposé au Polythéisme sa croyance en un seul Dieu, Après chaque désastre, la Tige de David refleurissait toujours sur les ruines. Longtemps Israël résista à toutes les persuasions comme à toutes les persécutions. Contre les rois Séleucides se dressèrent les princes Haschmonides, Mais la Judée était trop rapprochée de Pergame et d’Alexandrie, pour que l’esprit nouveau n’agitât pas la partie intelligente de la population. Des princes, des pontifes même, prêtaient aux voix étrangères une oreille intéressée. Le temps n’était plus Jérusalem pouvait s’isoler sur ses collines ; des gymnases s’ouvraient ; des statues impies se dressaient sur les places publiques ; tout ce que la vie grecque offrait de charme et de liberté se révélait à Israël, Iahveh se refusait bien à reconnaître des égaux divins ; mais son culte jaloux et les prescriptions étroites de ses cérémonies ne suffisaient plus à quelques-uns de ses adorateurs,

De jeunes Judéens avaient accompli le voyage d’Alexandrie ; des communautés juives les y accueillirent ; leur séjour s’y prolongea ; ils rencontrèrent dans la ville un temple presque semblable à celui de Jérusalem et, séduits peut-être par de belles magiciennes, éblouis par tant de merveilles, flattés aussi de voir leurs livres sacrés étudiés et traduits en grec, ils rapportèrent, avec des mœurs nouvelles, le souvenir de l’éloquence des sophistes et une vague tolérance qu’eussent condamnée les vieux nabis.

Du reste, il en fut alors en Israël comme il en sera toujours dans l’humanité. Si les Juifs hellénisants montraient un esprit plus libre et plus dégagé, la réaction fut d’autant