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FORTIFICATIONS.

élastique dont le pouvoir a de tout temps abusé). Parmi ces nouveaux prisonniers, les femmes étaient en aussi grand nombre que les hommes. Il en mourut plusieurs qui furent enterrés dans le cimetière de Saint-Jean-Baptiste (1700-1710) ; mais le registre des décès n’indique point leurs noms, en sorte qu’il est impossible de deviner à quelle classe de la société elles appartenaient. L’humble vicaire qui tenait le registre se borne à constater qu’une prisonnière de la citadelle a été inhumée tel jour. Dans le courant du XVIIIe siècle, il n’y eut guère d’enfermés à la citadelle que des jeunes gens de famille sur la demande de leurs parents, ou des parlementaires coupables de lutter trop obstinément contre les volontés ministérielles. La révolution avait adopté, à l’égard de ceux qu’elle regardait comme ses ennemis, un système qui la dispensait de les enfermer dans des châteaux forts ; mais après la chute des échafauds de la Terreur, on se contentera de mettre en réclusion les hommes jugés dangereux. Ce fut ainsi que, sous le Directoire, le marquis de Maribon-Montaut, ex-conventionnel, s’étant compromis par ses déclamations furieuses, fut envoyé à la citadelle, d’où il ne sortit que par une loi d’amnistie. Plus tard, sous le Consulat, on y enferma les matelots anglais tombés dans les mains de nos corsaires, plus les Croates qui refusaient de prendre du service dans nos armées. M. de Bourmont, qui s’était distingué parmi les généraux vendéens, devenu suspect au pouvoir, ayant été ar-