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BESANÇON.

Nous ne parlons pas des ovations et des promenades triomphales des vainqueurs, partout précédés de l’oiseau martyrisé, partout suivis d’une foule de populaire ébahi, naïves réjouissances du bon vieux temps.

Le dernier costume des chevaliers de l’arquebuse consistait en un habit écarlate à brandebourgs en or et à boutons de même, marqués de deux fusils en sautoir. Ils avaient la brette au côté, et sur la tête un petit tricorne à ganse d’or, qui ne dépassait pas les ailes de pigeon du guerrier poudré. Telle fut la dernière expression de cette héroïque institution de la chevalerie en France, qui jetait encore un si grand éclat sur la province au commencement du XVIe siècle ! Charles-Quint ayant été nommé, en 1519, empereur d’Allemagne, Besançon dut de nouveaux avantages à sa bienveillance. Ce grand prince, voulant s’attacher les citoyens, confirma, en 1530, tous les priviléges dont ils jouissaient et leur accorda le droit de battre monnaie[1]. Les armes de la ville étaient d’or à une aigle éployée de sable ; Charles-Quint voulut y ajouter les siennes : ce sont les deux colonnes que l’aigle soutient dans ses serres ; il lui donna aussi sa devise : Plût à Dieu ! qui est encore celle des Bisontins.

  1. Si, longtemps après la mort de cet empereur, l'on conserva l'effigie de Charles-Quint sur la monnaie frappée à Besançon, c'est un effet de la reconnaissance des citoyens et une suite de leur tendre vénération pour le bienfaiteur de leur ville, qu'il aima autant qu'il en était aimé.