Marie-Amanda ne sait pas seulement assaisonner le manger, bien tenir une maison et élever une famille. Marie-Amanda est semblable à un phare. Semblable à un phare, haute, lumineuse et fidèle, toute blanche de clarté, elle se dresse au milieu de la nuit et de la tempête des êtres pour indiquer à chacun la bonne route. En entrant, elle ne se lamente point : Mon enfant est malade. La récolte nous inquiète. J’appréhende l’hiver. Mais au seuil même de la porte, elle interroge, anxieuse : Vous avez besoin de moi ?
À sa vue Angélina défaillit. Elle se mit à sangloter par petits sanglots ramassés et drus. Marie-Amanda la tint serrée contre elle, la berça tendrement, de même qu’elle aurait veillé sur une enfant malade. Sous l’étreinte plus maternelle qu’amicale, l’infirme se calma peu à peu, puis se prit à pleurer silencieusement, les larmes arrondies en graines de rosaire roulant une à une, à la suite, sur sa figure terreuse.
— Venant, c’est le mien, cria-t-elle soudainement, dans un sursaut de révolte. Et il est parti. Je le reverrai plus. Dire que je me serais arraché le cœur pour lui. Un chignon de pain sur le coin de la table, je m’en serais contentée, pourvu que lui fût tout proche. Je demandais rien pourtant. Rien que de le voir lever la vue sur moi, de temps à autre, même sans le faire exprès.