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LE SURVENANT

— Pas de coups défendus ! C’est toi qui l’as dit ! Ton cochon a commencé avec son coup de genou ! Si la « fight » continue pas, on jette la tente à terre !

Le combat recommença. Plus circonspects, se sentant presque d’égale force, les deux hommes se livrèrent à une lutte purement horizontale, cette fois. Dans une série de savantes culbutes, de mouvements roulants, d’enlacements de bras et de jambes, nul n’aurait pu distinguer les membres des lutteurs si ceux de Venant n’eussent été nus.

— Mais il est ben fort, ce maudit-là ! reconnut l’ancien qui vantait tantôt Boucher Levert.

Au bout de trois minutes, le Survenant tenait bon. Quatre minutes, il luttait toujours. Soudain un cri, moitié d’alarme, moitié d’admiration, partit de l’assistance :

— Surveille ta gauche, Survenant, au nom du ciel !

Debout maintenant les ennemis tentaient mutuellement de s’assommer à coups d’avant-bras. À moitié suffoqué, Venant se dégagea avec peine d’une prise de tête en étranglement. Afin de reprendre haleine, il s’exerça à esquiver l’agresseur par une série de passe-passe instinctives.

— Au combat ! au combat ! pas de jeux ! commanda l’arbitre, espérant que son protégé coucherait ce téméraire paysan qui, non seulement risquait de