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PASSAGE DE L’HOMME

Le Père jeta un regard par la porte entrouverte : il faisait beau, il ferait beau demain ; et après-demain ?… Mais il pensa sans doute qu’après-demain, c’était l’affaire du Bon Dieu, et il Lui mit tous les foins dans les bras, et il dit : « Nous irons tous à l’enterrement. »

À l’enterrement, il n’y eut que nous, les neveux, et une dizaine de gosses, de ceux qui s’en venaient le soir, et pour qui Celui des Hauts aimait chanter.

Cinq minutes en tout dans l’église, et puis, en route pour le cimetière ! Et, au cimetière, pas une prière — entendez-vous ? — pas même un bout de prière, rien. Un signe de croix peut-être, un coup de goupillon, et Monsieur le Curé était parti. On l’entendit fermer la barrière d’un coup sec, et, dans le chemin, plaisanter, à ce qu’il me sembla, avec un vieil homme qui passait. Nous étions là, au bord de la fosse. Le sacristain — il était en même temps fossoyeur — attendait que nous soyons partis pour prendre la pelle. Il attendait avec impatience : il avait aussi des foins à faire. La grande femme noire sanglotait, et deux petites filles la regardaient, les yeux humides. On entendit une alouette grésiller. L’Homme s’avança, et, regardant le cercueil, ou fermant les yeux quelquefois, il se mit à parler dou-