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PASSAGE DE L’HOMME

L’Homme leur avait parlé des Iles, et avec une si grande précision, qu’ils semblaient à présent les connaître aussi bien que lui. Ils savaient jusqu’au nom des rues et jusqu’à des noms d’habitants. Je les entendis parler du Père Mariel, et de la toute vieille Aglaé, et de la rue des Trois-Étoiles. Et ils parlaient aussi d’un grand château, sur une colline, et de la mer, et d’un navire. D’autres fois, l’Homme leur disait ses idées à lui sur les bêtes, et sur les plantes, et sur le ciel.

Un soir que tous les enfants étaient là, c’était aux approches de l’automne, et les brouillards, déjà, montaient du Fleuve, une grêle de cailloux s’abattit soudain sur la porte. Dans le court silence qui suivit, on entendit une galopade, et puis des cris, et puis des rires d’enfants. Nous étions tous debout, et une petite fille, je me rappelle, se mit à sangloter et à trembler. Claire, toute pâle, la prit dans ses bras, et après l’avoir consolée, elle l’emmitoufla et se prépara elle-même à la reconduire chez elle : c’était tout près, en remontant vers la colline. L’Homme, qui n’avait absolument rien dit, prit une lanterne, ouvrit la porte, et regarda. Le Père et la Mère s’avancèrent derrière lui, et Claire et moi, et les enfants. Alors une nouvelle grêle de cailloux, et plus violente encore que la