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PASSAGE DE L’HOMME

mis à couler, des ruisseaux de sang. Et, de part et d’autre, les hommes s’étaient enfuis. Et les prêtres dans les églises avaient enfin compris ce qu’ils avaient à dire. Et voilà que maintenant on racontait encore qu’un grand mariage allait unir au fils du Roi la plus jeune fille du Prince Rebelle. Tous deux viendraient au long du Fleuve, et dès qu’ils le remonteraient, la Paix, là-haut, serait signée aussi avec les hommes.

Le fils du Roi, la fille du Prince Rebelle, nous les vîmes apparaître un soir, dans leur cortège, au bord du Fleuve. Les deux musiques, de tambours et de fifres, qui s’en venaient des deux côtés de l’horizon, cessèrent de jouer au moment même où les hérauts des deux pays, porteurs chacun d’un étendard, et qui galopaient l’un vers l’autre, se rencontrèrent. Et il y eut alors un très profond silence, puis un cliquetis d’armes dans les deux camps, puis une fanfare, comme si les deux musiques avaient joué ensemble, et dans l’espace entre les deux armées, au milieu d’un nouveau silence, le fils du Roi, vêtu d’or et d’argent, sauta de son cheval, et salua la Princesse. Au même instant, un cri immense monta des bords du Fleuve, et de la Ville s’en vint soudain, comme une rafale, le bruit des cloches et du canon,