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XI

PÉRIODE DE 1903 À 1906

1903-1906, l’une des périodes les plus actives de ma vie. Au Collège, tour à tour professeur de Belles-Lettres et de Rhétorique, j’entreprends de m’équiper pour ma besogne : reprise de la lecture et de l’étude de mes classiques français, grecs, latins ; excursions vers l’histoire des littératures ; introduction d’un petit manuel de cette histoire, encore non enseignée à Valleyfield ; pratique en classe de l’explication française dont je fais le principal élément de l’enseignement littéraire. Je m’emploie à revivifier la Société Sainte-Cécile (société de débats) ; je fonde l’Académie Émard (société littéraire). On trouvera dans les Annuaires du Collège de Valleyfield, des détails assez précis sur ces sociétés. C’est aussi pendant ces années-là que je m’adonne à un travail d’assez longue haleine. Écœuré, humilié profondément par la sorte d’enseignement d’histoire canadienne, que j’avais reçu en Rhétorique à Sainte-Thérèse, enseignement tiré d’un manuel primaire des Frères des Écoles chrétiennes, j’entreprends de rédiger un manuel d’histoire du Canada à l’usage des humanistes et des rhétoriciens. J’y mets presque deux ans, au hasard des loisirs que me laissent mes autres préoccupations. Ce manuel, commencé le 18 septembre 1905, je le termine en l’année scolaire 1906. Je le bâtis avec le peu de documents que me fournit la bibliothèque du Collège, encore très pauvre. Mais enfin, sortiront de là trois cahiers de 160 pages environ, que les élèves transcriront et se transmettront pendant plusieurs années. Puis, je fus assez heureux pour faire admettre l’enseignement de l’histoire du Canada en Belles-Lettres et en Rhétorique, à raison de deux heures par semaine. En composant