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mes mémoires

une intelligente mise au point du Père Lamarche, o.p., sur Maria Chapdelaine. Les Études publient de solides pages du Père Adélard Dugré, s.j., sur « L’apostolat des Canadiens français ». Jean Désy écrit, pour l’Université de Montréal, un article dans la Revue hebdomadaire. J’avais également espéré faire passer, dans la Revue universelle, un article d’Asselin sur les récentes élections fédérales. Ma correspondance de ce temps avec Antonio Perrault a gardé souvenir de cette partie de ma propagande. Son coup d’état, le Comité le frappe — et je puis le dire sans vanité puisqu’il n’a tenu qu’à ma chance — le 22 février 1922, au dîner mensuel de la Corporation des Publicistes chrétiens dont René Bazin est alors le président. On l’aura lu plus haut, lors de mon dîner chez Bazin, j’ai entretenu ce bon ami de notre enquête alors en préparation à L’Action française, sur « Notre avenir politique ». Ce sujet audacieux l’a séduit. Il veut tout de suite que j’en entretienne les Publicistes chrétiens. J’ai d’abord consenti. Mais la prolongation de mon séjour à Paris m’amène à retraiter. Parler de l’avenir du Canada français à des gens qui ignorent même l’existence de ce pays, était-ce autre chose que perdre son temps ? J’ose même dire à M. Bazin : « J’aurais l’impression de planter un clou dans les nuages. » Chez les Publicistes chrétiens, la conférence mensuelle ne doit pas, selon les règlements, dépasser les vingt minutes. Je dis à M. Bazin :

— Pouvez-vous m’accorder une demi-heure et même trente-cinq minutes ? J’essaierai de vous présenter un raccourci, une petite synthèse de notre histoire. Je crois que le sujet sera plus approprié à l’auditoire.