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ler. On épie son téléphone. On l’accuse de cacher, dans les caves de l’une de ses écoles, des centaines de fusils. Accusation qui se précise lorsque des jeunes gens qu’on a vus au presbytère s’en vont, une nuit, à Cartierville, placer des bâtons de dynamite sous les vérandas de la maison de lord Atholstan, propriétaire du Star de Montréal. Le coup rate, mais l’on en devine la répercussion d’un bout à l’autre du Canada.

Heures passionnées, redirai-je encore une fois, et bien propres à tenir les habitants du presbytère dans un état d’extrême tension. Nous autres, les clercs, nous ne pouvons pas ne pas beaucoup souffrir de la mésentente qui va croissante entre les chefs religieux et la masse du peuple. Attardés plus qu’il ne faut au vieux loyalisme, nos évêques se sont faits trop ouvertement participationnistes, au moins par quelques-uns de leurs chefs. Un abbé politicien, l’abbé D’Amours, directeur en fait de L’Action sociale de Québec, les influence dangereusement. Pourtant le curé Perrier ne se départit point de son calme habituel. Un seul moment il nous a paru troublé et presque à l’angoisse. C’est lorsque les chefs politiques d’Ottawa ont pris la décision de conscrire le travail. Tout sujet canadien est invité à signer ce que l’on appelle une « carte du service national », avec indication de son âge, de ses aptitudes, de sa profession ou de son métier. Le peuple n’est pas lent à flairer là une mesure préparatoire à la conscription militaire. Dans le Québec, les signatures s’en vont plus que rares vers Ottawa. Dans le diocèse de Montréal, Mgr Bruchési pense autrement que la foule et, par lettre pastorale à lire du haut des chaires d’église, engage la population à signer la carte. L’Archevêque se fonde sur une assurance formelle des gouvernants d’Ottawa : en l’affaire, il ne s’agirait que d’une efficace organisation du travail de la population. Promesse, ai-je besoin de le dire, qui sera impudemment violée. Un drame surgit dans l’âme de beaucoup de curés. Lire la lettre épiscopale, c’est à coup sûr s’expo-