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II

LE PREMIER COURS À L’UNIVERSITÉ
(3 novembre 1915)

Enfin le jour redouté arrive : ce soir du 3 novembre que m’a fixé Mgr Bruchési. Le même jour, Le Devoir publie une entrevue qu’est venu solliciter M. Héroux. J’y expose le plan de ma première leçon et surtout j’y motive l’assez longue introduction dont je l’ai coiffée. Je cite quelques lignes de l’entrevue :

Peut-être trouvera-t-on, ce soir, que je me suis quelque peu attardé dans l’histoire de l’Angleterre avant d’aborder celle de notre pays. Mais mon expérience personnelle et les confidences de mes anciens élèves m’ont convaincu que nous ignorons beaucoup trop l’histoire de la métropole, et surtout les éléments essentiels de la constitution britannique… J’oserai dire plus : il me paraît impossible de comprendre quelque chose à la politique canadienne de 1791 à 1840, sans une connaissance très précise de l’état social et politique de l’Angleterre à la fin du 18e et au commencement du 19e siècle.

Ces préliminaires s’imposent toujours, même aujourd’hui, mais combien plus opportuns paraissaient-ils, il y a quarante ans, si mince est alors, parmi les professionnels et autres, le bagage d’histoire rapporté de l’enseignement collégial et même universitaire. Sur quinze pages d’imprimé, mon premier cours en contiendrait donc une dizaine sur la constitution britannique, et à peine cinq sur « Le Canada politique en 1791 ». Je parle de pages d’ « imprimé ». En effet, totalement inexpérimenté et n’ayant pas encore appris qu’un travail d’histoire ne doit pas se presser de voir le jour, mais savoir attendre et le travail de la