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comme les cœurs et les prières de ces braves gens. L’habitude s’est conservée de faire tous les soirs ce qu’ils appellent la grand’prière, c’est-à-dire la prière du livre de messe, suivie invariablement de la récitation du chapelet. Les mêmes pratiques sont observées par les garnisons des forts, au fort Saint-Frédéric, par exemple, commandé par M. de Lusignan, un Canadien, où la prière, ainsi que le rapporte Kalm, se fait en commun, matin et soir.

L’esprit chrétien de la famille s’exerce là surtout où il doit s’exercer, dans l’éducation des enfants. Mgr de Saint-Vallier a noté que les pères et les mères remplissent à l’égard de leurs enfants et de leurs valets, l’office du prêtre. Avec quelles mains pieuses nos aïeules façonnaient l’âme de leurs garçons et de leurs filles, dans quelle délicate pudeur elles les faisaient grandir, nous le savons par les nombreux témoignages d’honneur rendus aux mères élevées par les religieuses de ces vieux temps, et nous le savons encore par l’esprit qui règne toujours dans les familles où les traditions anciennes se sont conservées. Là nous retrouvons les mots bénis et pieux qui, les premiers, étaient mis sur les lèvres des enfants ; nous apprenons les procédés naïfs par lesquels on retenait les tout-petits dans le devoir ; comme il était facile, par exemple, de faire pleurer le petit Jésus, facile aussi de perdre ses étren-