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fle, qu’il rit et qu’il pleure, que sa voix paraît celle des absents qui envoient de leurs nouvelles, et que les vieux courbés vers le feu se redisent les excursions et les histoires de leur jeune temps ? Car l’on conte, dans ces veillées. « Le récit légendaire avec le conte, avec le sens moral comme au bon vieux temps, sont le complément obligé de l’éducation du voyageur parfait », dit fort bien J.-C. Taché.[1] Weld qui signale la vanité du Canadien, ajoute : « C’est elle (la vanité) qui soutient son courage. Il triomphe, lorsqu’à son retour, il raconte à ses amis ou à ses parents l’histoire de ses voyages ; et les dangers qu’il a courus sont les seuls trophées dont il aime à se parer ».

Oui, les entendez-vous ces captivantes épopées populaires presqu’entièrement perdues, hélas, mais écloses et racontées, poème par poème, dans ces familles de voyageurs, de soldats et de fils de soldats, qui ont ouï parler des grandes aventures de Jolliet, de La Salle, de d’Iberville et de tous les Le Moyne, qui ont connu les grandes mêlées iroquoises, qui ont couru avec

  1. Forestiers et voyageurs, p. 8.