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tés de tradition dans les familles canadiennes[1] ».

Pour s’amuser et se distraire ils ont de plus les longues veillées d’hiver chez les voisins, les amis et les parents ; ils ont les noces, les noces vraiment complètes que si elles durent trois jours et trois nuits ; les noces où l’on fait des repas pantagruéliques, devant des tables chargées, encombrées à n’y pouvoir remuer un plat ; les noces où les couples « battent les ailes de pigeon », tournent et retournent dans les gigues et les cotillons, où les chanteux se provoquent aux randonnées qui font perdre le souffle, aux chansons de cent et de cent cinquante couplets, où les bons violonneux peuvent tenir l’archet, depuis la veille au soir de bonne heure jusqu’à la barre du jour du lendemain, les noces enfin où l’on vient de l’autre bout du monde, comme à ce mariage de je ne sais plus lequel des Boucher qui réunit toute la noblesse de la Nouvelle-France et où l’on était venu de Niagara et de Détroit.

Nos pères se sont créé aussi tout une série de fêtes champêtres, par exemple, la fête de la grosse gerbe qui annonçait la fin des récoltes, et ces corvées de plaisir qui s’appelaient le brayage du lin mais surtout l’épluchette de blé d’inde, avec son épi rouge qui conférait à l’heureux découvreur des privilèges si enviés.

  1. Louis Jolliet, p. 24 (Édition Beauchemin).