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La vie familiale



L’élément champêtre

I


Voici donc la maison canadienne des derniers temps du régime français, telle qu’elle dut apparaître, par exemple, à Kalm le Suédois. Elle est là, à l’orée du bois, quelquefois au bord d’un ruisseau ou d’une coulée, toujours sur la marge du grand chemin, la devanture vers le soleil levant. Elle se dresse sur un sol nettoyé ; point de bouquet d’arbres autour d’elle ; la prudence a fait supprimer ces trop faciles embuscades pour l’Iroquois ; du reste, le soleil a tué les quelques touffes trop isolées laissées par le défrichement. La maison est de pierre ou de bois, pièces sur pièces, avec un toit pointu à la façon normande et une couverture de bardeaux.

« Ici, disait déjà la Mère de l’Incarnation, tout est en bardeaux ». La maison est proprette, percée de larges fenêtres ; blanchie à la chaux, elle met sur le fond sombre de la forêt, une fleur de gaieté claire. Le coin du pignon gauche fend le nordet comme une étrave, et contre le nordet terrible les fenêtres s’enveloppent aussi de contrevents ou de lourds volets ; et contre lui se dé-