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L’état d’âme que me révélaient quelques Franco-Américains ne viendrait-il pas à se généraliser parmi eux, parmi nos frères des provinces anglaises du Canada, le jour, où, avec les générations grandies au loin, s’atténuerait le souvenir de la vieille province ?

Ce malheur qui serait grand, nous sommes d’avis qu’il faut le prévenir à tout prix. Si nos ancêtres immédiats cessent de nous être communs, c’est un lien, ou, du moins, un degré de parenté qui s’évanouit entre nous et les groupes de race française en Amérique. Or, ni les uns ni les autres, à ce qu’il nous semble, n’avons intérêt à sacrifier la plus petite de nos forces morales, à diminuer dans sa chaleur, l’étreinte des mains qui ont besoin de se joindre.

Nous croyons, pour notre part, que le devoir de la justice envers nos pères nous interdit l’attitude du parent pauvre dans la famille française. Il n’est que de feuilleter l’histoire de nos origines. Elle établit, à notre honneur, que pendant les cent cinquante ans de notre premier régime, pendant ce siècle et demi où la vie fut prodigieusement intense, où les âmes montèrent à la hauteur épique et s’interdirent d’en descendre, le type français n’a ni déchu ni dérogé.

Nous avons ramassé ici quelques traits de la physionomie des ancêtres, quelques éléments de leur vie intime, de leur état social et familial. Notre démonstration historique