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un temps plus ou moins long selon l’étendue de la perte de substance, la surface granuleuse devenue unie, comme vitreuse ou plutôt gélatineuse, arrive au niveau du plan cutané. Quelquefois l’accroissement continue au delà, ce qui nécessite l’emploi de certains moyens chirurgicaux destinés à le réprimer et à l’enfermer dans de justes limites, surtout à la périphérie de la plaie. Mais ordinairement il se limite lui-même et s’arrête spontanément au niveau de la peau.

C’est à partir de ce moment que s’opère la guérison, et voici les métamorphoses que l’on observe. Les granulations disparaissent ; la surface devient de plus en plus unie et se retrécit dans tous les sens ; les tissus ambiants perdent de leur turgescence et s’affaissent ; enfin la suppuration devient de moins en moins abondante. Sur la limite, entre la peau et les granulations, la sécrétion du pus devient presque nulle ; il s’y forme d’abord un limbe sec et, rouge, d’environ 4 millimètre, s’avançant vers le centre de la plaie. À mesure que ce limbe progresse en recouvrant la surface bourgeonnante, il est suivi d’une zone d’un blanc bleuâtre, confondue du côté opposé avec l’épiderme normal. Ces deux limbes se forment par le développement de l’épiderme qui gagne de la périphérie vers le centre d’une demi-ligne à une ligne par jour, et finit par recouvrir la plaie bourgeonnante. D’après certains auteurs, la cicatrisation, au lieu de s’effectuer seulement par la périphérie, aurait souvent pour points de départ des espèces d’îlots cicatriciels, qui se formeraient, dans le milieu des plaies, dans des conditions et sous l’influence de causes inappréciables pour eux. Cela a lieu, en effet, dans quelques cas. Mais le phénomène est loin d’être bizarre ; il est soumis au contraire à des conditions anatomiques qui expliquent sa production. Ainsi, cela ne peut arriver que lorsqu’une