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C’est ainsi que, d’après M. Berganot, les sujets de l’espèce bovine n’offriraient pas tous ce phénomène. Pendant l’état normal tous, sans distinction d’âge, dédaignent ou repoussent instinctivement les feuilles vertes ou sèches du tabac. Ce n’est que dans les cas d’une aberration particulière de l’organe du goût, que ces animaux appètent et mangent avec plus ou moins d’avidité cette plante. Cet état, d’après lui, n’est qu’une variété de Pica, qu’il désigne sous le nom de Malacia bovina. Est-ce bien là la cause réelle de cette tendance du bœuf vers le tabac ? Sans rejeter cette opinion, je crois que M. Berganot va trop loin en ne considérant cette appétence comme n’étant le partage que de quelques sujets. Ne voit-on pas en effet tous les animaux de l’espèce bovine, sans distinction aucune, rechercher et manger cette plante ? On peut aisément s’en convaincre en jetant un coup-d’œil sur les nombreuses observations qui ont trait à ce genre d’empoisonnement. Cependant, si on observe quelques différences dans cette inclination chez certains sujets, elles dépendent seulement de l’âge, car il est reconnu que les jeunes offrent moins d’exemples d’empoisonnement, tandis que les adultes et les plus âgés y sont plus exposés.

M. Lanusse, qui s’est occupé aussi de cette question, fait jouer un rôle important à l’imperfection des organes du goût et de l’odorat chez l’espèce bovine. On serait tout d’abord porté à admettre cette seule explication, si on examine ces organes. En effet la muqueuse, qui revêt les diverses parties de la cavité buccale, présente des papilles très prononcées, coni-