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« libertine » et athée. De même, la haute société de la Monarchie de Juillet fut foncièrement voltairienne et libre-penseuse.

Il n'est donc pas étonnant que, dès sa vingtième année, Barbey d'Aurevilly, secouant tous les jougs du passé, se soit affranchi des croyances de son jeune âge. Il délesta vite sa barque des traditions gênantes de la famille encore qu'elles fussent consacrées par des souvenirs plusieurs fois séculaires. Il ne voulait relever que de sa propre initiative. II s'émancipa.

Dans son Ode aux Tliermopylcs, écrite à quinze ans et demi, il n'y a pas trace d'accents relig-ieux. Tout y est donné à l'héroïsme. On ne croirait jamais que telle est l'œuvre d'un g-entilhomme adolescent nourri des plus pures doctrines d'une famille catholique de province, emprisonné dans un milieu étroit où ne circulent que des influences dévotes et n'ayant jamais quitté le sol natal. N'est-il pas surprenant que la part des sentiments mystiques y soit nulle, alors qu'on s'attendrait plutôt à un déluge d'effusions pieuses ? Il est vrai que le sujet ne prêtait guère à l'évocation des gloires chrétiennes. Pourtant l'antithèse eût été jolie, qui eût présenté en regard du tableau de la Grèce païenne de Zens et de Pallas Athéné la Grèce orthodoxe de saint Paul. Mais Jules Barbey, malgré son amour des contrastes, n'y a même pas songé.

Le catholicisme n'est pas moins étranger au second essai littéraire du jeune étudiant de Caen. La pauvre Léa semble se soucier fort peu, même en mourant, de la doctrine du Christ, et Réginald de Beaugency, qui revient cependant d'Italie, n'a pas l'air de savoir qu'il pourrait bien exister une vie d'outre-tombe. Il n'y a, dans le conte de Jules Barbey, place que pour la passion