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de son œuvre. Dans son œuvre, ce qui a le plus séduit, c'a été les productions mal équilibrées d'une jeunesse romantique a l'excès, et non les admirables créatioas d'uue maturité lente à venir et d'autant plus parfaite. Des romans, comme V Ensorcelée et le Chevalier Des Touches, qui sont des chefs-d'œuvre, ont obtenu peu de succès, parce qu'ils étaient d'une personnalité concen- trique et inimitable. Des livres, comme Amaïdée et Ce qui ne meurt ims, ont rencontré plus de faveur dans le monde des lettres, parce qu'ils traduisaient mieux les aspirations imprécises et confuses d'un adolescent en pleine fièvre de romantisme exalté.

Et, à vrai dire, ce n'est peut-être pas plus par son romantisme même, très original en somme, que par son réalisme extrêmement personnel, que Barbey d'Aure- villy a eu quelque action sur la littérature contemporaine. Les romantiques attardés, qui cherchaient un maître ou un guide, — ou seulement une voie à suivre, à défaut de traces bien certaines laissées par leurs aines, — avaient mieux à faire qu'à jeter leur" dévolu sur des ouvrages tels que la Bague cVAnnihal, V Amour Impossible, Germaine ou même les Diaboliques. D'autre part, les réalistes ne pouvaient se contenter du réalisme trop « individuel » du romancier de Y Ensorcelée ; ils repro- chaient à ce réalisme de n'être constitué que de trois éléments un peu démodés : l'aristocratie, le catholicisme et le culte du terroir.

C'est bien plutôt, seuible-t-il, par le «symbolisme» innnanent de son œuvre, par toutes ses aspirations immatérielles traduites sous forme sensible, que d'Aure- villy a manifesté son empire sur des intelligences d'élite et marqué son empreinte sur de rares cerveaux. A cet égard, de petits poèmes en prose, comme il en a composé