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ou de fantaisies littéraires. Mais, à ce moment, sous l'influence de Raymond Brucker, la vie de l'historien de Bruînmell prend une nouvelle direction ; et Roger de Beauvoir ne semble pas apte à s'engager, à l'exemple de son camarade, dans la voie austère et les étroits sentiers de l'apologétique. Même des hommes, tels que Granier de Cassagnac et le vicomte d'Yzarn-Freissinet, avec lesquels depuis longtemps d'Aurevilly est en rela- tions d'amitié et qui d'ailleurs sur certains points ont des principes très fermes (chose tout à fait inconnue au brillant Roger) ne paraissent point disposés à suivre les traces pieuses du romancier à'Amaïdée dans son exode de la dissipation des salons, sa retraite au sanctuaire de la Société Catholique et ses desseins de néophyte en quête de luttes ardentes pour la plus grande gloire de l'Eglise romaine.

C'est donc dans un milieu tout différent de celui où il s'est agité jusqu'à ce jour, que va s'exercer désormais l'action de Barbey d'Aurevilly. Ses anciens compagnons l'ont vu s'éloigner, à regret. Lui, sans hésitation, se jette en pleine bataille pour Dieu, ses temples et ses autels. Il devient collaborateur assidu, puis rédacteur en chef de la Rci'uc du Monde Ccdholique. Il dirige cette feuille avec autorité, ferme orthodoxie et inviolable fidélité aux principes ultramontains. pendant les journées troubles de la Révolution de 1848 : il a les yeux sans cesse fixés sur le dogme apostolique et inspire de la pure doctrine des Pères, non-seulement ses propres écrits, mais la conduite de ses coreligionnaires. Par là, il prend une place prépondérante dans le mouvement politico-religieux d'alors, au point d'être nommé président d'un club. Il met en garde ses amis contre les idées de liberté qui les entraineraient infailliblement aux excès démagogiques.