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à la g-aîté légère et désintéressée » (1). C'est beaucoup d'être un Labiche, mais la comédie contemporaine a eu de plus hautes visées que l'amusement des foules : elle a prétendu à une sorte d'apostolat.

Aug'ier est le commis-voyageur de la morale bour- geoise, — de cette bourgeoisie, conservatrice et voltai- rienne, qui n'aime pas beaucoup les idées et se soucie peu du style. On a pourtant fort exalté le style du dramaturge de VA^ienturière... « Ce n'est pas la volonté d'être hardi qui fait la puissance, — s'écrie d'Aurevilly le 31 janvier 1868. — M. Augier périt par le langage, ce langage qu'aucun des critiques de théâtre n'a pensé à lui contester. . Il écrit un peu plus correctement et un peu plus chaudement que Picard, car le romantisme de 1830 n'a pas passé impunément sur les natures de Picards et envoie un peu de sa couleur à leurs grisailles. Mais c'est toujours, à peu de chose près, un simple poète à la Picard. Lorsque chez lui la situation s'empourpre, quand les idées s'élèvent comme dans la tirade sur le bonheur que donnent l'art et la pensée, on croirait que c'est l'heure du Poète ; mais on n'a là, toujours là, qu'un bour- geois qui veut l'être, et qui, comme Ponsard, auquel il ressemble par tant décotes, ne l'est jamais que pour les avoués, les notaires et quelques académiciens. » (2).

Sous des apparences plus révolutionnaires, Alexandre Dumas fils « n'a jamais été et ne sera jamais un poète comique », déclare Barbey d'Aurevilly le 21 mars 1807, à propos des Idées de Madame Aubraij. Et le critique ajoute : « Il n'a pas cette force, cette vis coniica et cette verve, qui doit être endiablée, et qui est comme Vimjje-

(1) Le Théâtre conlem)porain, t. V, p. 356.

(2) Ibid., tome I, p. 184 et 18a.