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rhoiiiuio de Uileiil que l'ut, uu jour, ruuleur de Madame Bovary a été cruellement malade de la fourchette cartha- ginoise de Salammbô; mais enfin elle avait passé, en déchirant, il est vrai, quelque peu de sa renommée. Mais la fourchette égyptienne de saint Antoine [le passera pas, et l'auteur de cette dang-ereuse jonglerie d'érudition en restera strangulé ». Enfin, sept ans plus tard, le 10 mai ISSl, il accueillait en ces termes le roman posthume de Flaubert, Bouvard et Pécuchet. « Malheureux Flau- bert ! A-t-il travaillé et soufifert pour pousser hors de sa tête ces laborieuses quatre cents pages? Si elles ont épuisé sa vie, on ne le sait pas, mais assurément on peut dire qu'elles ont épuisé son talent. Cette forte et copieuse purgation, qu'il a prise et rendue, dans son livre de Bouvard et Pécuchet, contre les bourgeois qui étaient ses éternelles humeurs peccantes, l'a vidé cruellement du talent qu'il avait ».

A un autre point vue, — sous le rapport de la recherche minutieuse du détail et de la préciosité du style, — Barbey d'Aurevilly n'est guère plus favorable aux Goncourt: il leur reproche sua^tout de « s'entêter à cette littérature sans idée qui part de Madame Bovary pour aboutir, en dévalant, à V Assommoir >/. S'il fait une exception pour le chef-d'œuvre qui s'appelle Renée Mauperiii, auquel les deux frères ont collaboré, il semble d'autant plus sévère pour Les Zemganno et La Faustin, qui sont d'Edmond de Goncourt seul. « Cet écrivain d'un talent raffiné et d'un coloris si souvent charmant, — dit-il le 27 février 1882, — sur qui j'aurais presque pleuré quand il tomba de ses premiers romans sur le trottoir de la Fille Élisa, est resté meurtri et taché de cette chute. Ce document humain, dont il est fier comme d'une découverte de génie, M. de Goncourt lui sacrifie jusqu'à la fierté de son attitude et de sa pensée ». 18