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qui entrait dans la littérature, Dieu sait par quelle brèche. Cette fenmie, en redingote de velours noir comme un écolier allemand, qui fumait (c'était la première !) tout de suite eut l'opinion, parce qu'elle s'en moquait, l'opi- nion ayant toujours besoin dans ce pays-ci d'être battue pour être contente! A chaque roman qui tombait de cette plume facile, c'étaient des applaudissements universels ! En ce temps-là, Balzac, cette plume difficile, ce génie qui se déchirait avec tant de peine et s'ensan- glantait pour produire, Balzac accouchait de cruels chefs-d'œuvre qu'un tas d'esprits trouvaient ennuyeux! M'»e Sand ne connut jamais ce tas d'esprits ! Gomme Alexandre Dumas, cet autre conteur facile, elle a toujours eu l'affreuse fortune de plaire à tous les publics ! » (1).

Il en est de même de Jules Sandeau, qui « avec ses qualités les meilleures, ne sera jamais que la femme littéraire de monsieur George Sand »(2). Naturellement, à ce sujet et eu guise de repoussoir, d'Aurevilly évoque encore le nom prestigieux de Balzac. « Balzac, — dit-il,

— dont le nom surgit fatalement quand on parle des romanciers du X1X« siècle,— mesure terrible qui montre combien ils sont petits en comparaison de cettegrandear,

— ne fut point de cette Académie, dont la porte, à peine poussée par M. Sandeau, qui n'a jamais rien poussé bien fort devant lui, a tourné moelleusement sur ses gonds sans les faire crier, ni personne. M. Jules Sandeau est un esprit doux, et il vient de prouver une fois de plus que c'est aux doux qu'appartient l'empire de la terre. Quand la terre, en efïet, a été un peu culbutée, quand les vrais inventeurs, les énergiques du moins, ont remué la terre

{\) Les Bas-bleus {i'A\. Palmé, 1818), j.. 54 et 55. (2) Les Romanciers, (éd. Ainyot, 1865), p. 90.