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pur. filtrées avec beaucoup de peine, et en trop petit nombre poui" parfumer autre eho^e que le mouchoir (\'\u\ homme desprit, ne s.ufrisent pas pour mériter ce nom glorieux et sévère do moraliste auquel Vauve- narg-ues prélendit et qu'on ne lui u pas assez njarchandé. Un homme de la fin du même siècle, qui n'a exprimé aussi de sa pensée que quelques gouttes, mais aulriMuenl puissantes, d'un citron autrement pénétrant, v[ pai'fois autivment mortelles que celles que Vauvenargues fit tomber de la sienne, Chamfort, si au-dessus de Vauve- nargues par tout, excepté par le caractère, n'est pas un moraliste non plus, quoiqu'il en ait révélé les profondes aptitudes. Mais Chamfort, qui n'était pas valétudinaire comme Vauvenargues, Chamfort, l'Hercule et l'Apollon des boudoirs mythologiques de son temps et dont la vigueur n'était pas une fable, n'a pas eu de Voltaire qui l'ait pris dans son vitchoura d'Astracan comme Hercule prenait les Pygmées dans sa peau de lion. Vol- taire, le Roi de son époque, a la manie du favoritisme, comme les rois. Vauvenargues fut un de ces favoris qui n'ont d'autre raison pour exister que le bon plaisir de leur maître » (1).

Est-ce Buflbn qui méritera les éloges de Barbey d'Aure- villy? «Buffon, moins spirituel que Voltaire, dont l'esprit me fait, d'ailleurs, toujours l'efïet d'un bruit de grelots, mis en vibration par les mouvements pétulants du singe, moins même que Montesquieu, qui a le sien finissant en pointe, sans être pour cela un obélisque (car un obélisque, c'est un colosse!) Buflbn, qui pourrait bien, si on y regarde, n'avoir pas d'esprit du tout, est pourtant fort

(1) Les Philosophes el les écrivaitis relif/iei'x (Amyot, 1861;, p. 201 et 208.